Sortie en fin 2009, je me souvient encore des grandes affiches 4x3 dans le métro, phénomène encore très rare pour un jeu vidéo. Des gros moyens pour la vente d'un élément du secteur encore en marge des pensées élitistes français et des gros moyens à l'intérieur de la galette même.
Bayonetta est le nom de cette avatar féminin que vous dirigerez le long de ces niveaux infesté d'anges à volontés meurtrières. Dernière rescapée de la lignée éteinte des sorcières d'Umbra, elle décide de prendre l'initiative sur les troupes de lumière qui ne cessent de venir lui demander l'heure avec des griffes acérées. Ni une, ni deux, la voila sur les traces de sa mémoire oubliée et sur celles des hautes instances qui en veulent à sa vie pour une raison qui lui échappe encore. Aidé par son ami l'armurier, le diable en personne, elle va se frayer un chemin de toute classe.
La classe, c'est bien ce qui caractérise Bayonetta. De longues séquences vous démontreront l'agilité, la force et l'infallible charisme de la sorcière aux pouvoirs dévêtants. Toujours sensuelle et ne dépassant jamais une certaine limite, Bayonetta frise avec l'érotisme. Armée de 4 pistolets, dont deux accrochés aux talons aiguilles Twelve (voir Fifteen), elle n'a ni peur, ni mal. Bien physiquement formé, elle ne manque pas de charmes ni d'atouts pour plaire instantanément aux hommes et aux femmes.
Ah ! En voila une qui en jette ! dit-il, pour rester poli.
Ah ! Enfin une femme forte et classe dans ce monde macho ! dit-elle, pour rester poli.
L'héroïne ne fait jamais choux blanc. Grâce à ses invocations démoniaques créées de toutes-parts par sa belle chevelure noire qui forme aussi sa combinaison moulante imitation cuir (et je vous rassure, on a pas les deux en même temps), elle percute l'image du valeureux héros aidé par la lumière et les bonnes intentions. Il n'est pas nécessaire d'être gentil pour vaincre, il faut juste savoir se faire respecter à coups de talons. Classe.
Au delà de cette analyse bien pensante, le jeu percute lui aussi. Beat Them 'All (type de jeu destiné à se farcir seul plusieurs monstres d'un coup et ceci tout le long de l'aventure) classique à l'extérieur, l'intérieur relève d'une technicité hors pair. Ce jeu est destiné non seulement aux joueurs de la première heure mais aussi aux Hardcore Gamers, ceux qui recherchent à ne prendre aucun coup, ne perdre aucune vie, faire les mouvements parfaits et obtenir les meilleurs scores même si cela inclus de redémarrer la console 42 fois par heure pour reprendre la sauvegarde précédente sans passer par la sauvegarde automatique qui validerai les mauvaises statistiques. C'est un jeu hautement technique avec un certaine difficulté, pour le plaisir du joueur.
Cette notion de difficulté va de pair avec les mouvements ultra travaillés de la Belle. Des chorégraphies à couper le souffle, multiplié par 6 ou 7 différentes armes que l'on peut combiner par deux, c'est sacrément impressionnant. Du remarquable travail qui séduiront nos yeux et crisperont nos doigts. Les combos (suite de coups provoquant des mouvements particuliers) sont liés aux esquives ultra précises actionnant un ralenti très apprécié pour contre-attaquer et pourfendre à foison. Un gameplay de haute volé, technique mais abordable. Je ne peux que m'incliner devant ses développeurs de talent.
Visuellement, le jeu possède énormément d'atouts. Du graphisme pur HD de très haut de gamme au stylisme ultra poussé des personnages - principaux, secondaires ou ennemis - on ressent un travail gargantuesque. Encore une fois je culpabilise de ne pas avoir d'écran HD pour pleinement en profiter (je dois faire parti des derniers foyers en France à l'heure actuelle). Le jeu est magnifique.
Le seul point noir selon moi reste un élément qui nous poursuit tout au long du jeu: le scénario. Pour le coup, j'ai eu l'impression qu'à trop vouloir en faire, ils en ont fait trop et que probablement quelques japonais auraient pu retourner dormir chez eux au lieux de passer des nuits à travailler sur des choses peu importantes voir carrément confuses.
Premièrement, l'histoire on ne la comprend pas. Si on ne s'en tient qu'aux dialogues, c'est incompréhensible ou alors très peu, juste les grandes lignes qui nous permettent de légitimer le tabac qu'on passe aux méchants, et encore. Tout est voulu très classe et très fouillé mais parfois en ressort fouillis ! Bayonetta à beau être sensuelle, on ne pige pas à 100% l'essence de son existence. C'est grave ! L'histoire est, à mon goût, trop fait de pallettes et de poudre aux yeux, voulant apparaître comme profonde et complète mais qui se révèle bancale, incompréhensible et parfois absurde. Pour le coup les développeurs, vous êtes allé beaucoup trop loin et le joueur se trouve embrouillé, jouant avec un seul des deux éléments nécessaire à tout bon jeu vidéo: le gameplay, au détriment du scénario.
De plus, il y a la façon dont est raconté l'histoire. Afin d'en mettre plein la vue, les développeurs se sont dit que ça "ferai classe" de placer certaines séquences et certaines images-clef de ces séquences sur des pellicules de films, "pour faire genre, stylé, wesh". Non. D'une part ça ne rajoute rien et d'autre part ça embrouille (en plus du fait que mon écran ne soit pas HD et ne digère pas les détails) ! Oû est le rapport avec le cinéma ? Pourquoi un tel effet gratuit ?! Là, je ne peux que désapprouver ce choix injustifié. Poudre aux yeux, une fois de plus. Le jeu est pourtant parsemé de séquences bien claires mais parfois non. Juste, on va trimer pour suivre ce qui se passe à l'écran, un coup sur la pellicule de droite, un coup sur la gauche.
À vouloir être trop classe, Bayonetta est parti dans certains excés qui lui font un peu de tort. Cela dit, ça n'en reste pas moins un jeu au gameplay irréprochable, monté d'un graphisme excellent des chorégraphies à couper de souffle. Les mises en scènes du jeu n'auront aucune difficulté à vous faire sourire et apprécier les répliques cinglantes de la bimbo au sacré jeu de jambe. Bayonetta reste pour moi un excellent jeu que je re-parcourerai avec plaisir une fois un écran HD en ma possession d'autant plus que... franchement, Bayonetta, elle en jette !